1878. Depuis leur reddition, les Cheyennes végètent dans une réserve aride de l’Oklahoma, administrée par le Bureau des affaires indiennes. En violation des accords conclus, ils manquent de tout, et d’abord de nourriture. Las de promesses non tenues et résolus à mourir debout, les derniers guerriers, accompagnés des femmes, des enfants et des vieillards, quittent la réserve pour tenter de rejoindre leurs terres ancestrales, dans le Dakota. L'institutrice Quaker des enfants décide de partir avec eux. Mais le petit groupe d’à peine 300 personnes est poursuivi par des milliers de soldats américains, chargés de les ramener dans leur réserve. Si le féroce capitaine Wessels est résolu à remporter coûte que coûte ce combat inégal, le capitaine Archer (Richard Widmark) ne cache pas ses états d’âme...

Crépuscule  

Au soir de sa carrière, John Ford dédie un chef-d'œuvre aux peuples amérindiens décimés et dépossédés, lui qui leur a jusque-là plutôt réservé un rôle de figuration dans ses westerns. La verve et l'humour qu'il a si souvent conjugués au lyrisme restent présents, en particulier avec le personnage de Wyatt Earp (James Stewart). Mais la tragédie l'emporte dans cette fresque pleine de souffle qui, derrière le massacre des Cheyennes, met en scène des hommes de troupe broyés eux aussi par la politique meurtrière dont ils sont les instruments. Si les premiers rôles ont encore la peau blanche, les Cheyennes, hommes et femmes, incarnés par des acteurs de talent, existent pour une fois pleinement. La beauté des cadres et du Technicolor rehausse encore la splendeur de ces paysages de l'Ouest américain que Ford a filmés comme personne et qu'il restitue fugacement, par ce western crépusculaire bouleversant, à ceux qui en furent les premiers et légitimes occupants.