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Cache-sexes, un jeu d'artiste

2022

Beaux-arts

France

6avis

L’histoire de l’art vue à travers la feuille de vigne et ses avatars.

Dans la statuaire grecque, les organes génitaux apparaissent encore sous la forme édulcorée d'un pénis enfantin pour l'homme et d'un pubis glabre pour la femme. Les artistes de l’époque antique, à qui l’on doit l’invention du nu, entendaient représenter un homme civilisé, capable de dominer ses pulsions. Sous l’ère chrétienne, une vague de cache-sexes déferle. Liées à la représentation de la Genèse, les classiques feuilles de vigne cèdent le pas à une infinité de végétaux, pagnes virevoltants, serpents suggestifs ou robinets potaches.

 

Au-dessous de la censure

De la pudique Antiquité à notre époque pas si libérée, on assiste à un incessant ressac entre le désir de dévoiler ces sexes bannis et le retour de bâton de la censure. Aux timides tentatives de l’époque des Lumières, qui s’abritait néanmoins derrière des considérations esthétiques pour décourager les représentations explicites, succédera la réaction pudibonde de la Restauration.

Une "campagne de feuilles de vigne", apposées compulsivement sur statues et toiles, se poursuivra tard dans le XIXe siècle, jusqu’à ce que Gustave Courbet, en peignant en gros plan, avec un raffinement pictural délibéré, un sexe féminin dans L’origine du monde, tente de siffler la fin de la partie.

Librement inspiré du livre Cache-sexe – Le désaveu du sexe dans l’art de Sylvie Aubenas et Philippe Comar (éd. La Martinière), ce documentaire, nourri d’interventions d’historiens de l’art et de créateurs, furète avec malice au-dessous de la ceinture (et de la censure), soulignant notre refus d’accepter notre animalité et les différences de traitement entre hommes et femmes, plus volontiers dénudées.

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