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Faute d'amour

2017

Drame

Russie

12avis

Récompenses:

Festival de Cannes 2017 : Prix du Jury

Cérémonie des César 2018 : Meilleur Film étranger

Un film sobre et bouleversant de Andreï Zviaguintsev, qui rend compte de la froideur et de la cruauté du monde contemporain.

Banlieue de Moscou, décembre 2012. En plein divorce, Boris et Genia cohabitent hargneusement, en essayant de vendre leur appartement. Chacun a refait sa vie et rejette sur l’autre la responsabilité d’Aliocha, leur fils de 12 ans. Un matin, au lendemain d’une énième scène violente, l’enfant fugue. Accaparés par leurs amours respectives, Boris et Genia ne se rendent compte de sa disparition que vingt-quatre heures plus tard. Paniquée, Genia alerte la police, qui lui conseille de se tourner vers le Groupement de recherche d'enfants disparus, une équipe efficace de volontaires qui pallie l’inertie de l’administration russe.


Film multirécompensé, Faute d’amour se déroule sur trois ans, des rumeurs d’apocalypse de la fin 2012, qui semblent n’émouvoir personne, à la guerre civile du Donbass, en 2015, qui fait déferler sur la Russie une vague de propagande anti-ukrainienne. Si le thème de la famille obsède Andreï Zviaguintsev, du Bannissement à Léviathanle cinéaste se sert aussi de ce prisme intime pour réfracter les maux de la société. La Russie dans laquelle vit ce couple de la classe moyenne apparaît comme autoritaire et peu protectrice, matérialiste, narcissique – les yeux rivés à son portable comme Genia –, et contrainte à une duplicité héritée du carcan soviétique et religieux. Boris préfère ainsi taire son divorce, de peur d’être licencié par son patron ultraorthodoxe. De ces tiraillements découle un manque abyssal d’amour, qui dévaste Aliocha et ses parents. Cette carence affective vient de loin, comme en témoignent les torrents de haine que déverse sur Genia sa propre mère, qui mêle en une phrase l’insulte et la demande d’absolution : "Dieu et diable dans le même sac", commentera lapidairement sa fille. Le plan où la jeune femme, excédée, referme la porte de sa chambre, révélant sans le savoir les sanglots silencieux d’Aliocha, qui se dissimulait dans l’embrasure, est déchirant. La mise en scène magistrale d’Andreï Zviaguintsev, faite de délicats plans-séquences, d’allers-retours entre les barres d’immeubles et la forêt toute proche, de monologues bergmaniens laissant libre cours à la haine mais aussi à une émouvante sincérité, ne donne que plus d’intensité à ce cri d’alarme.

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