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Un Homme libre, Andrei Sakharov

Histoire

64avis

Le physicien le plus honoré du régime soviétique en fut aussi le dissident le plus inflexible. À travers sa vie, Iossif Pasternak propose une réflexion universelle sur l'histoire de la Russie, l'humanisme et les valeurs démocratiques.

Face au Parlement soviétique, le frêle vieil homme bute quelquefois sur les mots, mais ses paroles résonnent avec une force extraordinaire. Qu'il dénonce la corruption des élites ou l'intervention de l'Armée rouge en Afghanistan, la souffrance des jeunes recrues ou la nécessité d'abolir le Parti unique, ses phrases simples tranchent sur le ronron des langues de bois. L'archive date de 1989, et Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique, s'impatiente à la tribune, au-dessus du gênant académicien qu'il vient de faire libérer. Andreï Sakharov n'est revenu que depuis quelques mois de Gorki, où il était assigné à résidence avec son épouse dans un isolement total. Il va mourir peu de temps après cette séance houleuse, et une foule immense viendra s'incliner devant sa dépouille. En deux décennies, le physicien, adulé pour avoir mis au point la bombe H en 1953 avant de choisir la dissidence, est devenu l'un des hérauts les plus populaires de la démocratie en Russie.

Un héros soviétique
Iossif Pasternak, qui ne cesse à travers ses films (Goulag, Efremov) d'interroger le destin de la Russie, évoque Andreï Sakharov (1921-1989) à la lumière des questionnements actuels : qu'aurait dit ce "héros soviétique" de l'empire de Poutine, gouverné par l'argent et le droit du plus fort ? Quelle place ses concitoyens lui feraient-ils aujourd'hui ? Et que racontent aux Européens de 2010 son engagement pour autrui, sa foi dans la démocratie et dans la liberté, son intransigeance en faveur des droits de l'homme ? Cet humanisme inflexible l'opposera d'ailleurs à l'autre grande figure de la dissidence soviétique, Alexandre Soljenitsyne, et à son nationalisme ardent.
Pour raconter cette existence, qui a presque coïncidé avec celle de l'URSS, le réalisateur a puisé dans les rapports et les images déclassifiés du régime soviétique - dont celles des premiers essais nucléaires, que Sakharov contribuera en 1963 à faire interdire internationalement, et celles filmées par les caméras de surveillance du KGB, à Gorki. En contrepoint aux entretiens accordés autrefois par Sakharov et sa veuve Elena Bonner, il a interrogé des proches du physicien, anciens dissidents et collaborateurs, dont le mathématicien Leonid Pliouchtch. Évitant le piège de l'hagiographie, ce film passionnant et émouvant interroge le sens de la vie humaine et ce qui fait sa valeur.

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