1425. Les royaumes de France et d'Angleterre s'opposent lors d'une guerre sans merci. Jeannette, petite bergère, vit à Domrémy, en Lorraine. Révoltée par les souffrances infligées à ses compatriotes, elle souhaite rencontrer Mme Gervaise, une jeune femme recluse dans un couvent, pour obtenir une réponse à la question qui la taraude : "Comment des chrétiens peuvent-ils être ennemis, enfants du même Dieu ? " Il n'y a qu'une solution pour stopper une guerre : la faire et la mener. Les exactions se poursuivent et, un jour, le village de Jeannette est réduit en cendres. Des saints lui apparaissent alors et lui annoncent qu'elle a été choisie pour chasser les Anglais du royaume de France. Il lui faudra désormais accepter son destin, aussi lourd soit-il.

Grâce et beauté
Il n'est pas ici question de la Jeanne guerrière, mais de la petite fille gardienne de moutons visitée par des saints, de sa révélation mystique et de l’incrédulité de ses proches. Bruno Dumont relève le défi de tourner un film chanté et dansé en plein air par des enfants et des adolescents, tous non professionnels et choisis dans les terres du Nord du réalisateur. Le sens du cadre et la matière sonore du cinéma de Dumont, toujours aussi admirables, accueillent les chorégraphies de Philippe Decouflé et la musique d’Igorrr au même titre que les corps juvéniles et les paysages de dunes. Passé l’effet de surprise provoqué par l’injection de danses contemporaines et de rythmes techno dans une époque médiévale stylisée, le résultat est plus sidérant qu’excentrique, et frappe par sa paradoxale harmonie. Tout est grâce dans Jeannette, tout est beauté.