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Mafias et banques

2023

Économie

France

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Comment, des années 1920 à nos jours, le capitalisme financier a renforcé peu à peu son alliance occulte avec les organisations mafieuses.

New York, 1920. Dans l’euphorie des Années folles, les salaires comme la consommation augmentent et la Bourse de Wall Street est en pleine effervescence. Parallèlement, la prohibition booste les ventes clandestines d’alcool, enrichissant la pègre, dont Al Capone incarne la réussite. Après le krach de 1929, lorsque le président Roosevelt met en place le New Deal pour remédier aux ravages de la crise, des grandes fortunes cherchent à échapper à l’impôt, et la mafia s’immisce dans les circuits tout neufs de l’évasion fiscale. Sous l’égide de Lucky Luciano, patron de Cosa Nostra considéré comme le fondateur du crime organisé moderne aux États-Unis, et de son “comptable” Meyer Lansky, qui étudie rigoureusement l’économie pour infiltrer le système financier, les réseaux mafieux italo-américains se développent. Pendant ce temps-là, en Chine, dans les années 1920, a émergé un autre modèle de baron : jouant avec brio de son sens des affaires comme de son flair politique, Du Yueshang, jeune gangster de Shanghai membre des Triades, a entrepris de vendre de l’opium au monde entier, avec l’accord tacite de la police coloniale. En Europe, alors qu’après la Seconde Guerre mondiale Palerme est devenue une plaque tournante du trafic de cocaïne, Michele Sindona, ambitieux avocat fiscaliste et anticommuniste viscéral, tisse lui aussi des liens entre la finance et la mafia sicilienne. Il gère aussi bien les fonds de Cosa Nostra que ceux du pape, organisant le blanchiment par l’intermédiaire des eurodollars de la City de Londres et des casinos des Bahamas.

 Le secret des affaires 


Après Histoire du trafic de drogue, Christophe Bouquet cosigne avec Mathieu Verboud cette fresque passionnante, tout à la fois thriller économique et saga historique, sur la convergence progressive et occulte de deux mondes autrefois cloisonnés, mais liés par des intérêts communs qui en viennent peu à peu à se confondre : les organisations criminelles et les établissements bancaires. Les gros profits du trafic de drogue, notamment, poussent les mafias à recourir aux banques afin d’écouler des stocks de cash devenus pléthoriques. À la faveur des dérégulations financière et douanière, alors que les capitaux comme les marchandises circulent sans contrôle et que le libre jeu du marché suit son cours, les organisations criminelles profitent de ce flot d’échanges pour s'étendre et se fondre dans l'économie mondiale. Journalistes d’investigation, historiens, économistes, agents des douanes ou mafieux repenti apportent leurs témoignages à cette édifiante enquête au cœur du secret des affaires. En contrepoint d’archives éloquentes, ils montrent comme les banquiers, avocats fiscalistes, comptables ou courtiers, hérauts et rentiers d’un capitalisme de plus en plus sauvage, facilitent le blanchiment, notamment de la drogue, tandis que celle-ci accroît son influence destructrice dans le monde.  

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