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Meurtre à Pacot

2014

Téléfilms

France

4avis

En une lointaine référence au Théorème de Pasolini, Raoul Peck signe un huis clos implacable sur la lutte des classes, dans les ruines du tremblement de terre en Haïti.

Port-au-Prince, peu de temps après le séisme du 12 janvier 2010. Dans le quartier chic de Pacot, un couple de bourgeois aisés campe dans ce qui reste de sa luxueuse villa, en partie en ruines. Pour tenter d'éviter la démolition, l'homme décide de louer le premier étage, encore habitable. Avec ses bagages, son chauffeur, son 4x4 et son autosatisfaction, Alex, un "humanitaire", amène aussi sa maîtresse haïtienne, Andrémise, une jeune femme affranchie, bien décidée à échapper au désastre ambiant par le seul moyen dont elle dispose : son corps. Entre les anciens et les nouveaux maîtres de la maison, la tension s'installe d'emblée. Il y a aussi le fantôme du "petit", un enfant pauvre que le couple avait adopté, et dont le cadavre gît quelque part sous les gravats…

Lignes de faille
Andrémise, qui se rebaptise elle-même Jennifer, afin de marquer son désir farouche d'une nouvelle vie, est la lointaine héritière de l'ange amoureux campé par Terence Stamp, qui bouleversait en 1968, dans Théorème de Pasolini, une famille de bourgeois milanais. Elle affirme avec insolence son appétit de vivre, sa sexualité et sa liberté face aux trois personnages qui l'entourent, chacun enfermé dans ses chimères : la femme inconsolable (à laquelle la chanteuse Ayo insuffle une part de mystère), qui pleure sur elle-même plus que sur les innombrables victimes du séisme, le mari, qui cache son humiliation derrière un froid détachement, le Blanc pathétique et veule, qui prétend "aider" quand il vient seulement profiter de la misère d'Haïti. Elle va ainsi les pousser dans leurs derniers retranchements. Raoul Peck (L'école du pouvoir, Lumumba, la mort d'un prophète) a eu l'idée du film alors qu'il commençait à tourner pour ARTE son documentaire à charge sur l'aide humanitaire, Assistance mortelle. Coécrit avec son compatriote le romancier et poète Lyonel Trouillot et avec Pascal Bonitzer, ce huis clos implacable s'inscrit dans la continuité d'une œuvre traversée par la question du pouvoir - ici, celui des dominants de toujours, que les lignes de faille du séisme ont laissé presque intact. Une œuvre amère et forte, présentée cette année au festival de Toronto et à la Berlinale.

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