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Le voleur

1966

Patrimoine

France, Italie

1avis

Les tribulations d’un expert solitaire du cambriolage dans le Paris corrompu de la Belle Époque, avec un Belmondo irrésistiblement mélancolique.

Au crépuscule du XIXe siècle, Georges Randal, orphelin élevé par un oncle aussi sinistre que vénal, ne trouve de réconfort qu’auprès de sa cousine, la pétillante Charlotte. Lorsque, de retour dans la maison familiale après ses études, il apprend que son tuteur veut marier la jeune fille à un riche parti, il vole par dépit les bijoux de la future belle-mère. Cet acte de vengeance lui révèle alors sa vocation de cambrioleur, qu’accompagne bientôt, en expert du genre, l’abbé La Margelle.


En adaptant le roman de Georges Darien, Louis Malle met habilement en scène le portrait d’un loup solitaire, qui ne vit jamais plus intensément que lors de ses visites nocturnes dans les manoirs de la Belle Époque. Étonnant de sang-froid, alliant sûreté du geste et curiosité mauvaise des petits secrets d'une grande bourgeoisie qu’il méprise, ce voleur pratique son métier comme un art noir. C’est ce "processus de création" – ou de destruction – qui fascine le cinéaste, lequel suit son héros mélancolique dans sa quête infinie d’effraction. À l’inverse d’un Arsène Lupin, Georges Randal abîme et fracasse sans état d’âme, plus désabusé encore que cynique. Autour d’un Belmondo en gants blancs d’une impeccable sobriété, gravitent, entre ombres et lumières, demi-mondaines manipulatrices autant que victimes, politiciens corrompus, voyou libertaire et cet abbé malfrat d’une impériale lucidité, tous formidablement incarnés par un casting de "haut vol". D’une beauté sèche – même Charlotte échoue à emporter son amour vers une heureuse rédemption –, le film chronique en filigrane une France condamnée à une trouble décadence.

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