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Marx peut attendre

2023

Cinéma documentaire

Italie

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Le réalisateur Marco Bellocchio raconte l’histoire de son frère. Un film documentaire qui tisse le fil rouge de son œuvre.

Le 26 décembre 1968, à Piacenza, la petite ville proche de Milan où ils sont nés vingt-neuf ans plus tôt, le frère jumeau de Marco Bellocchio, Camillo, se pend en laissant derrière lui un bref message évoquant ses échecs. Plus de cinquante ans après, le cinéaste rassemble sa famille pour réaliser un documentaire sur ce disparu qu'il se reproche de ne pas avoir "assez aimé". Sondant les souvenirs de ses deux frères et deux sœurs encore en vie, d'une belle-sœur, d'une sœur de la petite amie de Camillo, il s'interroge aussi lui-même, face aux questions de ses proches, d'un psychiatre ou d'un prêtre. Jeune réalisateur déjà reconnu, avait-il seulement répondu à cette lettre oubliée par laquelle son jumeau, cherchant une issue après une scolarité désastreuse, lui demandait son aide pour travailler dans le cinéma ? Quelques années plus tard, lors de leur dernière entrevue en 1968, comment, percevant son désarroi, a-t-il pu lui asséner des slogans révolutionnaires en guise de réconfort ? "Marx peut attendre", avait seulement répondu Camillo. Une phrase déjà citée dans Les yeux, la bouche (1982), deuxième film d'une trilogie autobiographique égrenée sur soixante ans – avec Les poings dans les poches, qui l'a révélé en 1965, et Le sourire de ma mère (2002) –, dans lequel Marco Bellocchio se confrontait une première fois à ce suicide et à sa propre culpabilité. Vingt ans plus tard, ce n'est plus par la fiction qu'il cherche à atteindre par-delà le temps son frère disparu, mais dans le dépouillement de la parole et des archives familiales en noir et blanc, films et photos. 

Cheminements 
Resserré sur leur fratrie aux cheveux blancs, ce quatrième film que Marco Bellocchio consacre aux siens évoque le "malheur aride" de leur enfance, qui, dans le carcan du conformisme bourgeois et de la mortification religieuse maternelle, les a condamnés au "chacun pour soi". Concentrés sur leur propre survie, lui et ses frères se sont frayé un chemin sans regarder en arrière tandis que son jumeau, incapable de suivre, s'asphyxiait peu à peu. Les sœurs, elles, assignées à l'arrière-plan et à la piété filiale, veulent continuer à croire que la mort de Camillo fut "un accident". Mais avec ce nouvel (auto)portrait de famille, le cinéaste met en scène une forme d'acceptation qui a remplacé la rage de ses débuts. Elle lui permet d'exprimer, souterrainement, le chagrin et la tendresse qu'il partage avec ses frères et sœurs, morts et vivants, résumés par un ultime plan bouleversant de pudeur. 

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