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Le quai des brumes

1938

Romance

France

3avis

Récompenses:

Prix Louis-Delluc 1939

"T’as d’beaux yeux, tu sais !" Le tandem Prévert-Carné sublime les amours fatales de Jean Gabin, le déserteur de la Coloniale, et de Michèle Morgan, l'orpheline mélancolique. Un inoubliable classique.

Un déserteur de la Coloniale arrive au Havre, espérant s’y cacher avant de repartir à l’étranger. Dans la baraque du vieux Panama, où il trouve refuge grâce à un clochard, il rencontre le peintre fou Michel Kross et une orpheline, Nelly, dont il tombe amoureux. La jeune femme mélancolique vit chez son tuteur, Zabel, qui tente d’abuser d’elle. Retrouvant le goût de vivre auprès de Nelly, Jean se croit sauvé…

"Démoralisateur"
Réalisé dans la foulée d’Hôtel du Nord, un an avant Le jour se lève, Le quai des brumes marque à nouveau la fructueuse collaboration du tandem Carné/Prévert, qui atteindra son apogée en 1945 avec Les enfants du paradis. Reflet de la noirceur du climat d’avant-guerre, cette adaptation d’un roman de Pierre Mac Orlan en propose une version que l’écrivain lui-même qualifiera de "nettement désespérée". Le Montmartre évoqué dans le livre laisse ainsi place à l’atmosphère pluvieuse et lugubre du Havre. Michèle Morgan et Jean Gabin, au jeu retenu, composent un duo de légende, habitant cette œuvre expressionniste, comme hantée par la tragédie mondiale qui s’annonce. Bouleversant, l’acteur qui a tourné Pépé le Moko de Duvivier et La grande illusion de Renoir l’année précédente devient l’interprète privilégié d’une génération en plein désarroi. En dépit de son pessimisme, cette histoire d’amour fatal entre un déserteur et une pupille de la nation connaît un triomphe immédiat à sa sortie en salles, en 1938. Quelques années plus tard, jugé "démoralisateur" et défaitiste, le film sera interdit par le gouvernement de Vichy.

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